Malgré le renforcement de la législation, le trafic de diamants bruts centrafricains dans les villes frontalières de l’est du Cameroun s’intensifie. Cette enquête raconte comment les trafiquants contournent les lois et la surveillance.
Le marché est haut en couleur dans la bourgade de Gbitti, sur les bords de la rivière Kadéï, dans l’est du Cameroun. Les fermiers s’assoient à même la terre rouge, leurs marchandises étalées devant eux. Sur l’étroite bande d’eau de la Kadéï, qui sépare le Cameroun de la République centrafricaine, des marchands et des acheteurs font péniblement glisser des canoës de bois en tirant sur une corde d’acier tendue d’une rive à l’autre. Des enfants pépient et s’éclaboussent dans les eaux boueuses, à côté de femmes qui battent leur linge sur des pierres.
En ce mois de février, debout sur les rives sableuses de la rivière, un homme vêtu d’un jeans, d’une veste et d’un bonnet gris affiche un air nonchalant. Mais ses yeux le trahissent, lançant des regards furtifs devant et derrière, à droite et à gauche, évaluant les dangers alors qu’il est en train de négocier la livraison de diamants bruts, pour le lundi suivant peut-être.
Soudain, le deal est écourté. Un adolescent brandissant une lance crie depuis l’autre côté de la rivière : “Arrête de parler à notre frère !”
De jeunes hommes armés, membres de la milice chrétienne rebelle antibalaka, qui s’est formée durant la violente guerre civile centrafricaine [de 2013], observaient la scène depuis l’autre rive et ont repéré ma caméra. “Nous avons perdu nos familles pendant la guerre. Nous ne voulons pas être filmés”, me lance un jeune homme portant un bandana rouge vif. “Le diamant dans deux semaines”, marmonne le vendeur. Puis il s’éloigne rapidement pour apaiser le chahut de ses camarades de l’autre côté de la rivière.
De l’argent pour les rebelles
Le commerce illégal de diamants bruts dans les villes frontalières de Gbitti, Kentzou et Garoua-Boulaï, dans l’est du Cameroun, constitue une source de revenus réguliers pour les groupes rebelles des deux camps impliqués dans le conflit qui ensanglante la Centrafrique.
Selon les chiffres des Nations unies, la guerre a fait plus de 5 000 morts et déplacé plus ou moins 1 million de personnes depuis que les rebelles musulmans de la Seleka ont pris le pouvoir il y a trois ans. En représailles, les groupes chrétiens et animistes connus sous le nom d’antibalaka s’en prennent aux musulmans, les repoussant dans le sud du pays, ce qui conduit de facto à une partition du pays.
Même si, en février dernier, les élections ont amené un autre gouvernement au pouvoir, le conflit a anéanti l’économie, provoqué des famines et obligé des centaines de milliers de personnes à fuir, beaucoup partant se réfugier dans les camps de l’ONU au Cameroun. Le gouvernement est trop faible pour prendre pleinement le contrôle de ce pays riche en minerai, et un conflit “de basse intensité” perdure.
Ces violences privent le gouvernement centrafricain de l’importante source de revenus que constitue le commerce du diamant, lequel assurait autrefois 20 % de son budget. Quand la guerre a éclaté, ce petit pays au cœur de l’Afrique a été exclu du processus de Kimberley (PK), un accord de 2003 signé par 81 pays pour certifier l’origine des diamants et éviter de financer des groupes rebelles armés. Privée de cette certification, la Centrafrique a été exclue du marché international des pierres précieuses. Puis, en juin dernier, elle a obtenu une levée partielle de l’embargo.
Quand les portes du commerce légal de diamants se sont fermées, son voisin, le Cameroun, est devenu un pivot pour blanchir les diamants centrafricains et les réinjecter sur le marché mondial. Le Cameroun n’a rejoint le processus de Kimberley qu’en 2012. Le gouvernement a alors lancé des campagnes dans les villes frontalières pour apprendre aux représentants du processus de Kimberley à repérer les “diamants de la guerre”. Or une enquête menée pendant un an par 100Reporters a mis au jour de sérieuses failles dans le système du Cameroun : ici, les diamants bruts de Centrafrique sont faciles à acheter, l’application des règles de certification est peu rigoureuse et les trafiquants parlent ouvertement de représentants du processus de Kimberley prêts à certifier – pour un certain prix – que des pierres provenant de l’autre côté de la frontière n’ont rien à voir avec aucun conflit, peu importe leur origine.
50 % des diamants du pays vendus illégalement
Me faisant passer pour un acheteur, j’ai trouvé un agent du processus de Kimberley prêt à établir de faux certificats et à m’aider à payer moins de taxes d’exportation. Le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique du Cameroun, Ernest Ngwaboubou, qui est chargé de surveiller le secteur du diamant brut et de faire appliquer les règles du processus de Kimberley, se refuse à tout commentaire.
À Gbitti, des trafiquants de diamants centrafricains achètent des armes légères qu’ils transportent de l’autre côté de la rivière et vendent ensuite en Centrafrique aux rebelles des deux camps. Au Cameroun, où les acheteurs font leurs achats en plusieurs fois, à quelques jours d’intervalle, pour éviter d’éveiller les soupçons, on fait pression sur les forces de l’ordre pour qu’elles contrôlent le trafic d’armes. “Il est difficile de déterminer, même en temps de guerre, si une machette ou une lance est destinée à un usage légal”, explique un officier d’un bataillon d’infanterie stationné dans la région de l’Est du Cameroun, à environ 250 kilomètres de la capitale régionale Bertoua. Il refuse de révéler son nom car il n’est pas autorisé à parler au nom de l’armée.
Le trafic de diamants et d’or sévissait déjà dans la région bien avant la guerre civile centrafricaine. Le secrétariat du processus de Kimberley estime qu’avant 2013 20 % des diamants bruts de Centrafrique étaient vendus illégalement. En 2010, la Banque mondiale émettait une estimation encore plus élevée : 50 %.
Le négoce de diamants bruts entre les deux pays était autrefois fort lucratif. François Nganke, un mineur artisanal de Gbitti, raconte qu’il a quitté un emploi stable au sein de l’organisation humanitaire Médecins sans frontières pour céder à l’appel des diamants, qu’il vendait de l’autre côté de la frontière, en République centrafricaine. “Les prix des bureaux d’achat centrafricains étaient intéressants. Alors on leur vendait nos pierres”, explique-t-il. Mais ce commerce s’est effondré quand la Centrafrique s’est fait exclure du processus de Kimberley, en 2013, et les prix proposés pour les diamants bruts ont dégringolé. Aujourd’hui, François Nganke regrette d’avoir quitté son précédent emploi. Le travail dans les mines est éreintant. À Gbitti, chaque jour, les hommes, les femmes et les enfants charcutent la terre sèche, généralement avec de vieux outils – pioches, houes, pelles – et passent au crible les dépôts alluviaux à la recherche de trésors cachés.
“C’est un travail pénible. Nous avons besoin d’une pompe pour laver les pierres pleines de terre”, se plaint une mère qui travaille dans la mine depuis cinq ans. Autour d’elle, d’immenses mottes de terre et des trous béants témoignent du labeur physique nécessaire pour gagner sa vie de chercheur de diamants. “Parfois, nous faisons tout cela pour rien.”
De nos jours, ces petits mineurs du Cameroun sont de plus confrontés à la concurrence des trafiquants. “La majorité des diamants vendus à Gbitti vient de République centrafricaine”, fait savoir Issa Bouba, un négociant en diamants enregistré qui travaille pour le ministère des Mines camerounais. Il achète ses pierres aux mineurs et les vend sur les marchés internationaux.
Source de violence
L’ampleur du trafic et son impact sur ce pays qui peine à se remettre de la guerre sont difficiles à mesurer. Selon le rapport d’un panel d’experts de l’ONU, depuis que la Centrafrique est exclue du processus de Kimberley, la vente illégale de 140 000 carats de diamants bruts a coûté à son gouvernement 24 millions de dollars de manque à gagner, soit 2,3 % de son budget annuel.
Quand le conflit a éclaté en 2013, le pays exportait 62,1 millions de dollars de diamants bruts par an, ce qui représentait sa principale exportation.
La République centrafricaine est le 12e plus grand pays producteur de diamant brut au monde en termes de valeur. Il s’agit de pierres rondes, à 12 facettes, de teinte vert-brun. Malgré ces caractéristiques, il est très difficile de déterminer leur origine. La vaste majorité de la production est assurée par des mineurs artisanaux, qui tamisent les dépôts alluviaux à la main et vendent leur butin à des intermédiaires appelés “collecteurs”.
En outre, 80 % de la production centrafricaine provient d’une zone située dans le sud-ouest du pays, à la frontière du Cameroun, et les pierres produites dans les deux pays sont très proches en termes de couleur et de qualité.
Les représentants du processus de Kimberley au Cameroun chargés de certifier l’origine des produits ont de la peine à les identifier. Ils s’appuient sur les cahiers de production des collecteurs, où ceux-ci consignent la zone d’origine des pierres que leur communiquent les mineurs.
“Avec ses 20 000 mineurs artisanaux et ses capacités de contrôle limitées, le Cameroun ne peut pas garantir à 100 % la provenance de chaque diamant inscrit dans les cahiers en question”, regrette Amnesty International dans son rapport “Violations en chaîne : la chaîne d’approvisionnement mondiale en diamants et le cas de la République centrafricaine”.
Plusieurs groupes de défense des droits humains dénoncent les liens entre le trafic de diamants et le cercle vicieux de la violence des deux côtés de la frontière. Ce trafic contribue à faire perdurer un conflit de basse intensité en République centrafricaine, donnant lieu à d’épouvantables attaques qui font fuir les populations de chez elles.
Des familles entières traversent à pied la Kadéï pour aller au Cameroun, s’inquiètent les Nations unies. Plus de 200 000 réfugiés centrafricains se sont installés dans la région de l’Est du pays, et certains ont importé avec eux le trafic de diamants.
Complicités à tous les niveaux
Adam Abba, un marchand centrafricain qui vit aujourd’hui à Kentzou, est assis en tailleur sur une natte dans sa maison de deux pièces fournie par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés – une maison peinte dans le bleu caractéristique de l’agence. Ici, à Kentzou, ces centaines de musulmans comme lui collectent et vendent des diamants centrafricains provenant de zones contrôlées par la milice musulmane Seleka.
Adam Abba, homme jovial, partage avec moi son petit déjeuner, composé de thé rouge et de riz blanc, tandis qu’il explique comment il blanchit au Cameroun des diamants du sang originaires de Centrafrique et de république démocratique du Congo.
“Au bureau du processus de Kimberley, même quand un diamant vient de Centrafrique, ce n’est pas compliqué. Les agents disent qu’il vient du Cameroun. Il suffit de payer [un pot-de-vin]. Les affaires sont les affaires, non ?” conclut-il en gloussant.
“Nous sommes africains. Nous nous comprenons”, ajoute-t-il.
À cinq heures de route vers le nord, à Garoua-Boulaï, Aladji Samassa, un autre marchand centrafricain, pianote sur sa nouvelle tablette Samsung Galaxy pour faire défiler les images de diamants qu’il a récemment vendus à Dubaï.
“Vous voyez cette pierre avec un fond rouge ? C’est la plus chère. Les clients arabes adorent”, commente-t-il en montrant une photo de la gemme étincelante. Certains des diamants les plus chers échappent à la taxe camerounaise sur les exportations grâce à “quelqu’un” qui, au secrétariat du processus de Kimberley, “facilite les choses”, selon les mots d’Aladji Samassa.
L’ONG 100Reporters a voulu en savoir davantage sur ce “quelqu’un” et sur le fonctionnement du trafic. J’ai appelé des responsables du secrétariat régional du processus de Kimberley à Bertoua, la capitale de la province, et je me suis présenté comme un collecteur de diamants en quête de certificats pour des pierres centrafricaines.
Comment obtenir un faux certificat
Je parle à Dubois Ndamba, un haut fonctionnaire camerounais de la région de l’Est responsable de l’application du processus de Kimberley et de la certification des diamants. Quand j’évoque les instructions de ses supérieurs, qui imposent un contrôle vigilant des diamants de la guerre, il balaie mes inquiétudes. Il m’explique qu’il sait ce qu’il fait, précisant que cela “ne doit pas être divulgué”. Dubois Ndamba me propose d’abaisser mes taxes et de me fournir de faux certificats.
Voici un extrait de notre conversation téléphonique.
Christian Locka : Bonjour monsieur Dubois.
Dubois Ndamba : Oui, bonjour ?
CL : Dieudonné m’envoie vers vous. Je ne sais pas s’il vous a parlé de mon cas ? Je suis dans le négoce de diamants et j’ai des pierres centrafricaines à exporter. Nous en avons parlé hier. Il m’a donné le numéro de Saffana, mais il ne fonctionne pas. C’est pour cela qu’il m’a aussi donné le vôtre.
DN : Oui, expliquez-vous clairement pour que je comprenne.
CL : J’ai un partenaire qui souhaite exporter des pierres. Je voudrais savoir comment vous pourriez nous aider.
DN : Vous aider à faire quoi ?
CL : A les exporter.
DN : Vous avez déjà les diamants entre les mains ?
CL : Ils sont à Garoua-Boulaï.
DN : Quel statut avez-vous ? Vous êtes collecteur ? Vous avez les papiers du collecteur ?
CL : Je travaille avec M. Ndoko.
DN : Combien de carats ?
CL : Environ 500.
DN : 500 carats ?
CL : Oui.
DN : OK. Je suis à Yaoundé [la capitale du Cameroun] en ce moment. Où vous trouvez-vous, à Bertoua ?
CL : Je suis presque à Bertoua, je suis en train d’entrer dans la ville.
DN : Je vais aussi aller à Bertoua, j’aimerais que vous me rappeliez. Je devrais y être ce soir ou demain matin.
CL : OK. Que dois-je faire ?
DN : Nous ferons les paperasseries à la base pour que le certificat soit émis à Yaoundé, vous comprenez ?
CL : Oui.
DN : Vous, vous faites les papiers à Bertoua, là où on donne les rendez-vous. Nous signons ce que nous devons signer – voilà pour le certificat. Vous retournez à Yaoundé au bureau central de Kimberley. Nous estimons la valeur des diamants et ce que vous devez payer. On vous donne un autre certificat avec la valeur et vous payez des taxes sur cette base. Ensuite, vous recevrez un document qui vous permettra de sortir du pays avec les pierres.
CL : Le fait que ces diamants viennent de Centrafrique, je pensais que ça poserait problème ?
DN : Cela pourrait poser problème, mais sur le papier, nous ferons comme s’ils venaient de chez nous [du Cameroun] – vous comprenez ? Ils ne viendront plus de là-bas [de Centrafrique].
CL : Je comprends.
DN : Je sais comment ça se passe, ne vous inquiétez pas. Nous nous occupons de tout. Et s’il y a de gros diamants, vous pourrez les mettre de côté et les prendre avec vous dans l’avion [pour les vendre à l’étranger] pour que vos bagages ne soient pas trop lourds.
CL : OK.
DN : Pour calculer les taxes, nous prenons les plus légers, ce qui peut revenir moins cher. Nous nous occupons de tout ce qui concerne le certificat.
CL : Alors, les plus gros, on les mettra de côté ?
DN : Oui, ne vous inquiétez pas. Les diamants qui ont le plus de valeur, pour lesquels les taxes sont élevées, vous pourrez les mettre de côté. Quand vous aurez le certificat d’origine des plus petits, j’ajouterai les autres et vous pourrez tous les exporter.
CL : OK. Vous êtes à Yaoundé – quand avez-vous dit que vous seriez à Bertoua ?
DN : Ce soir. Là, je suis au ministère des Mines.
CL : Je vous appelle demain…
Le lendemain, j’appelle Dubois Ndamba et je lui dis que, dans sa fonction de représentant du processus de Kimberley, il m’a fait une proposition qui enfreint la loi. Ce qu’il s’empresse de nier. “Je n’ai pas parlé de diamants centrafricains. C’est vous qui m’avez parlé de diamants centrafricains. Je sais que si vous êtes au Cameroun et que si vous êtes en possession de diamants, ce ne sont pas des pierres étrangères. Moi, je donne un certificat d’origine pour ces diamants. Je n’aime pas les gens qui vont chercher des diamants et qui les amènent ici pour que je les certifie”, proteste-t-il.
Début 2014, le secrétariat national du processus de Kimberley au Cameroun a lancé une campagne pour sensibiliser les mineurs artisanaux, les acheteurs et les collecteurs, ainsi que les agents du processus de Kimberley aux dangers du commerce des diamants du sang. Mais ces efforts n’ont guère porté de fruits.
Le Cameroun est entré dans le processus de Kimberley en 2012. En 2013, il a déclaré une production annuelle de diamants bruts de 2 721 carats et en 2014 d’environ 3 400 carats. Quant au nombre de faux certificats saisis, il excède de loin sa production annuelle, selon les données de l’International Peace Information Service (Ipis), un institut de recherche basé à Anvers spécialisé dans les ressources naturelles.
“Les faux certificats camerounais du processus de Kimberley présentés à l’étranger indiquent que le volume des exportations illégales est significatif. En 2013, le secrétariat du processus de Kimberley au Cameroun a confirmé que les faux certificats camerounais présentés à l’étranger correspondaient à un total de 6 722 carats. Avec un potentiel de production de diamants de seulement 5 000 carats au Cameroun, il ne fait aucun doute que ces quantités comprennent des diamants de la Centrafrique”, explique l’Ipis dans son rapport “Diamonds in the Central African Republic”.
La plupart des faux certificats et des diamants non taxés transitent par l’aéroport international de Douala, pivot de l’économie camerounaise. Trois ans après que le Cameroun a signé l’accord par lequel il s’est engagé à n’exporter que des diamants qui n’ont rien à voir avec aucun conflit, son aéroport n’a toujours pas d’agence de contrôle du processus de Kimberley, malgré les promesses du gouvernement et quantité de preuves montrant que l’aéroport sert de plaque tournante au trafic.
Cas extrême d’exportation frauduleuse, un paquet contenant 281 869 carats accompagnés d’un certificat d’origine du Cameroun ainsi que d’un faux certificat du processus de Kimberley a quitté le pays via l’aéroport de Douala à la fin de l’année 2009, selon le rapport de l’Ipis.
Les vendeurs de diamants interviewés pour cette enquête disent que les pierres de Centrafrique qui transitent par le Cameroun finissent en Inde, en Belgique et aux Émirats arabes unis – des pôles du commerce diamantaire international.
Les diamants sont petits, leur valeur est élevée et il est difficile de déterminer leur origine. Ajoutez à cela la tentation de la corruption, une gouvernance laxiste et la facilité avec laquelle le processus de Kimberley peut être contourné. Résultat : un flot constant de diamants du sang se déverse sur le marché international.
Consciente du fait que la certification Kimberley risquait de devenir guère plus qu’un cache-misère pour donner bonne conscience aux acheteurs occidentaux, en 2011, l’ONG de défense des droits humains Global Witness a retiré son soutien au processus de Kimberley, expliquant qu’il s’agit à ses yeux d’un “mécanisme dépassé”. “La triste vérité, c’est que la plupart des consommateurs ne peuvent toujours pas être certains de l’origine de leurs diamants, ni qu’ils ne financent pas des violences armées ou des régimes répressifs”, déplore Charmian Gooch, fondateur de Global Witness.
Cette enquête a été premièrement été publiée en septembre 2016.