Les leaders religieux africains addressent une lettre ouverte à la Fondation Gates, exigeant des réparations pour les préjudices considérables causés aux systèmes alimentaires africains par sa démarche agressive en faveur de l’agriculture industrialisée, en grande partie sous la bannière de l’AGRA (anciennement l’Alliance pour une révolution verte en Afrique).
Cette lettre, soutenue par des centaines de groupes de la société civile et d’agriculteurs, précède le Forum des systèmes alimentaires africains qui se tiendra du 2 au 6 septembre à Kigali, au Rwanda, et au cours duquel l’AGRA et ses alliés profiteront de la plateforme pour promouvoir une fois encore des modèles agricoles qui ne correspondent ni aux besoins, ni aux réalités des agriculteurs africains.
« La révolution verte n’a pas seulement échoué à accroître la sécurité alimentaire en Afrique, elle a également infligé de profondes blessures écologiques et sociales. En tant que leaders religieux, nous avons la responsabilité, en tant que gardiens de la Terre, de dénoncer cette injustice. » – Gabriel Manyangadze, Institut de l’environnement des communautés confessionnelles d’Afrique australe (SAFCEI)
Les initiatives de l’AGRA, bien qu’elles aient reçu plus d’un milliard de dollars de financement, n’ont fait qu’aggraver la situation des petits agriculteurs en augmentant leur dépendance à l’égard d’apports coûteux, en érodant les variétés de semences locales, en réduisant la fertilité des sols et en affaiblissant la résilience des agriculteurs aux chocs climatiques tels que la sécheresse. Un rapport récent du Centre africain pour la biodiversité (ACB) a démontré que “l’effondrement” du système alimentaire de la Zambie était en partie dû à l’adoption de ces politiques de révolution verte.
Malgré des échecs avérés (soulignés dans le rapport de l’AGRA commandé par les donateurs), l’AGRA et ses principaux donateurs, à savoir la Fondation Gates et l’USAID, continuent de promouvoir l’agriculture industrielle en utilisant leurs ressources et leur pouvoir démesurés. La société civile et les agriculteurs sur le terrain ont été témoins de l’influence étendue de l’AGRA par le biais du lobbying et de la pression indue qu’elle exerce sur les décideurs politiques. La manipulation politique de l’AGRA menace de faire échouer les efforts de transition vers des pratiques agroécologiques plus durables et pilotées localement.
« L’empreinte de l’AGRA est omniprésente dans la politique agricole africaine et représente une attaque contre la souveraineté des agriculteurs africains ». – Million Belay, Coordinateur général, AFSA.
Des agriculteurs et responsables communautaires invoquent les ravages causés par le programme de la révolution verte en Zambie, où la production de maïs a chuté de moitié et où la faim sévit.
Les résultats d’une nouvelle étude menée par l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique sur l’influence politique considérable et indue de l’AGRA aux niveaux local, national et continental, qui sape les efforts déployés pour promouvoir une agriculture écologique dirigée par les agriculteurs.
Les chefs religieux africains indiquent que les programmes de revolution verte de la Fondation Gates ont causé des prejudices et exigent que des reparations.