A cause d’un conflit, d’une catastrophe naturelle ou simplement une mauvaise condition de vie, ils ont fui l’Afrique ou l’Asie dans l’espoir de trouver un asile protecteur aux Etats-Unis ou au Canada. Passer par l’Europe? Trop incertain avec les restrictions d’accès et la dangerosité de la mer méditerranéenne, devenue entre temps un cimetière marin.
Alors, l’Amérique latine, moins exigeante, était leur voie de salut. Ils sont partis seul, avec des amis et même parfois avec femmes et petits enfants. A bord des avions, des bateaux, des bus ou à pied, ils ont parcouru des milliers de kilomètres et ont côtoyé dans la jungle des passeurs sans scrupule et des trafiquants de drogue à la gâchette facile.
Mais, entrer aux Etats-Unis n’est pas facile.
Plusieurs ont succombé en chemin, foudroyés par la fatigue, la maladie, la torture ou la noyade. Plusieurs, traités d’apatrides, ont été retenus dans des camps de réfugiés au Mexique. Plusieurs ont réussi à entrer aux Etats-Unis mais vivent d’autres injustices…
Eux, ce sont les migrants.
Aujourd’hui, le monde a 50 millions de migrants de plus qu’il y a dix ans.
Pendant des mois, les journalistes de 18 organisations de média dans 14 pays _y compris ceux de The Museba Project, unique représentant de l’Afrique_ ont suivi les traces de ces hommes et femmes, qui sont prêts à faire des sacrifices financiers et humains incroyables pour réaliser leur rêve, afin de raconter leurs histoires.
Nous avons appelé cette collaboration journalistique transnationale coordonnée par le Centre latino-américain de journalisme d’investigation (CLIP) « Migrants d’un autre Monde ».
« «Migrants d’un autre monde» parce qu’il raconte les histoires de personnes qui voyagent entre cinq et dix mille milles de l’autre côté de la planète. Une fois sur le continent américain, ils traversent le continent en bus ou en avion express, en hors-bord ou en radeau, en taxi clandestin ou en voiture privée empruntant des itinéraires cachés et des raccourcis délicats, toujours vers le nord, vers les États-Unis ou le Canada, comme des hirondelles assommées. Souvent, ils traversent des tronçons entiers en s’appuyant uniquement sur leurs jambes, les ailes de l’espoir« , a indiqué María Teresa Ronderos, directrice de CLIP.
Les partenaires de « Migrants d’un autre Monde » incluent le Centre latino-américain de journalisme d’investigation (CLIP), Occrp, Animal Político, Chiapas Paralelo et Voz Alternativa pour En el Camino, Periodistas de une tarte (Mexique); Univisión Noticias Digital (États-Unis), Revista Factum (Salvador); La Voz de Guanacaste (Costa Rica); Profissão Réporter de TV Globo (Brésil); La Prensa (Panama); Revista Semana (Colombie); El Universo (Équateur); Efecto Cocuyo (Venezuela); Anfibia / Cosecha Roja (Argentine) The Confluence (Inde), Record Nepal (Népal), The Museba Project (Cameroun) et Bellingcat (Royaume-Uni). Une communauté de journalistes armés de courage comme ces migrants éparpillés à la quête de pâturages plus verts.
« Ils sont d’un autre monde parce que leur courage et leur conviction sont extraordinaires. Déterminés à se refaire une vie et – souvent – à ouvrir la voie à ceux qu’ils laissent derrière eux, ils s’attaquent à l’exploitation des escrocs sur la route, à l’hostilité des postes de migrants et à la corruption, ils subissent agressions et viols, faim, peur et menaces, emprisonnement et mort, » selon María Teresa Ronderos.
La plupart des migrants africains qui tentent l’aventure américaine viennent du Cameroun, plus précisément du nord et sud ouest, les deux régions anglophones du pays, déchirées par une crise sociopolitique depuis près de quatre ans; où l’armée et les groupes séparatistes, en guerre, commettent de graves violations de droits de l’homme à l’origine de la fuite des civils vers les cieux plus cléments.